Jane Bond chez les échangistes
Le phénomène échangiste fait son nid, discrètement mais sûrement, à Montréal et dans ses environs. Clin d'oeil a dépêché une espionne dans les replis stratégiques du libre échange, question d'en savoir un peu plus sur ce milieu très ouvert, mais qui surveille ses arrières!
Le Belmont, boulevard Saint-Laurent. Je prends un autre... dernier verre. J'espère que ce sera le bon et qu'il me donnera enfin le courage d'entrer dans le bar d'à côté, là où les couples ont des coups de foudre à quatre et où l'on rencontre des gens pour vivre des fantasmes dignes de Bleu Nuit. Bref, dans quelques minutes je serai à L'Orage, une ancienne banque convertie en club échangiste. Mais pour l'instant, j'essaie de me déstresser. Ce n'est pas tous les jours que je vais espionner chez les échangistes! J'avoue que je suis gênée mais, en même temps, je suis super-curieuse. J'ai l'impression d'être sur le point de découvrir un autre monde. Un genre de rencontre du troisième type!
Enfin, je fais un signe à Nico, mon meilleur ami. En un éclair, on se retrouve dans le hall de L'Orage. Prix d'entrée: 25$ par couple. On pénètre dans l'endroit et on se dirige vers le bar, afin de donner notre bouteille de vin au barman (le club n'a pas demandé de permis d'alcool). On s'assoit en plein centre du club. J'observe.
La couleur de la nuit
Peu de couples sont arrivés. Il faut dire que la soirée est jeune: 22h30. Je regarde autour de moi. C'est plutôt spacieux et sympa. Des divans moelleux incitent à se lover contre son ou ses partenaires et de grands dessins d'ébats sexuels décorent les murs. Un mannequin à perruque rose se balance au plafond dans un bungee, un appareil sexuel qui sert à suspendre sa compagne durant l'acte. Derrière le bar, le coffre-fort de l'ancienne banque est mis à la disposition de ceux et celles qui ont besoin d'un peu plus d'intimité, à condition que les néons bleus, style toilettes McDo, ne les importunent pas!
Peu à peu, le club se remplit. Une cinquantaine de couples sont présents. Leur âge? Entre 30 et 40 ans pour la plupart. Moi qui m'attendais à voir un paquet d'Elvis Gratton accompagnés de leur Linda, je suis surprise. Il y en a, certes, mais ils ne sont pas légion. La majorité des gens sont beaux et habillés de façon sexy, et beaucoup de filles se font aller sur la piste de danse. Après les vieux succès de Donna Summer, Flash Dance et compagnie, on enchaîne avec les slows de circonstance, comme I Want to Know What Love Is de Foreigner. Merde! Cette musique-là ne me plaît pas! Les gens dansent collés puis, subrepticement, changent de partenaire. Et ça se flatte le dos, les cheveux et les fesses. Mais il y a peu de chances que ça dégénère: des écriteaux indiquent ici et là que seuls les attouchements sensuels sont tolérés. Je délaisse du regard la piste de danse pour concentrer mon attention sur la faune autour de moi. Ma parole! Comme dans la Bible, les couples se sont multipliés d'un coup. Et ça discute ferme.
Le temps passe...
0 h 30. Le temps passe et je dois à tout prix parler à un couple. Il faut que je cruise, bordel! Nico a bien essayé, lui. Depuis notre arrivée, il y va de son cérémonial auprès de la gent féminine: «Bonsoir! Puis-je prendre cette chaise?» ou: «Avez-vous du feu?» Sans succès. Nico est pourtant beau, mais les gens doivent se méfier des petits nouveaux. On craint les agents doubles. Depuis la tapageuse descente à l'ancien Orage, rue Saint-Dominique, on se tient coi dans le milieu et on surveille ses arrières. Certains clubs ont même préféré mettre un terme à leurs activités, fatigués du coït interrompu.
1 h 30. Il ne reste que trois couples seuls dans le bar, dont le mien. N'aimant pas rester en plan, je me lance le défi d'aller rejoindre le couple que j'ai spotté depuis un bon bout de temps. Ils sont beaux tous les deux... du moins je crois, car depuis leur arrivée, ils n'arrêtent pas de s'embrasser et de se caresser. La fille semble gênée. Je parierais que c'est lui qui l'a amenée ici. Dans ce milieu, c'est souvent l'homme qui suggère la pratique mais, bizarrement, c'est la femme qui veut la poursuivre. Surprise! «C'est elle qui voulait venir pour connaître cette expérience, me dit le beau brun de 27 ans. Alors, je l'ai suivie. Ça fait huit mois qu'on est ensemble. Je l'aime.» Les deux amoureux en sont à leur deuxième présence dans ces lieux. «Nous sommes venus la semaine passée, mais nous n'avons pas rencontré de couple qui nous plaisait assez pour aller plus loin.» Évidemment, la question me brûle les lèvres.
- Qu'allez-vous faire si la pêche est bonne?
- On ira à l'hôtel ou à la maison.
La discussion va bon train, mais je suis incapable de leur demander si Nico et moi, on leur plairait. J'aurais trop peur qu'ils nous disent oui. Et s'ils nous disaient non? J'avoue que mon ego en prendrait un coup. De toute façon, ça importe peu, car je suis ici pour rencontrer des gens qui me mèneront là où ça «bouge» le plus. Là où ça prend une heure pour se démêler, et deux semaines de physio pour s'en remettre!
2 h. On quitte le bar. Je suis un peu vexée qu'on ne se soit pas fait draguer plus que ça. Je me jure que cette semaine, je prendrai ma revanche.
Quelques jours plus tard... sur Internet
Mon chum et moi décidons de cruiser sur Internet. On va sur le site de L'Orage, plus précisément sur le chat, et on «guidoune». «Grand brun 1 m 90 et jolie blonde 1 m 70 cherchent couple pour batifoler en toute liberté.» Enter. Un couple nous spotte et se décrit: lui, 30 ans, brun, 1 m 77, hétéro; elle, 27 ans, brune aussi, 1 m 60, bi. En deux minutes, nous avons la photo de nos tourtereaux (pas moches du tout) ainsi qu'un rendez-vous à l'hôtel. On ne badine pas dans ce milieu! Avant de nous rencontrer, ils veulent savoir ce que nous recherchons. Eux ne sont pas échangistes, mais «mélangistes». Quossé ça? Ils aiment que tout le monde se caresse ensemble, dans le même lit. En voilà un couple uni! Évidemment, on ne donnera pas suite. On n'est pas des agaces.
Je poursuis mes recherches sur le chat de L'Orage. J'ai un but. «Cherche endroit où il y a des soirées à plusieurs.» On ne me répond pas. On doit penser que je suis dangereuse. Mais comment assister à ce type de soirée? La plupart des couples ne cherchent que des petits trips intimistes à trois ou à quatre. Pas le choix: je vais user de mes plugs journalistiques.
Une semaine passe Appelons-le Robert. Robert est avocat et a déjà été personnellement impliqué lors d'interventions policières dans des clubs échangistes. Il m'apprend que pour assister à ce type de soirée en tant que voyeuse, je dois faire semblant de participer. Il faut que je sois nue et, si je le veux, je pourrai baiser avec mon chum dans la chambre d'à côté. Ma réaction est évidemment éloquente: tout mon visage dit «Non»! Me mettre nue pour un article? Holà! il y a des limites à ce qu'une journaliste peut faire! J'apprends aussi que ces soirées hot se déroulent depuis un petit bout de temps en banlieue, sur la Rive-Sud. Je me vois déjà comme Tom Cruise dans "Les yeux grands fermés", avec une assemblée d'étrangers qui m'encercle. Bien sûr, je fabule. Le milieu échangiste est, paraît-il, ultra-sécuritaire. Mais bon, je ne peux pas aller là-bas, entre autres parce que je ne possède pas d'auto. Je n'ai pas envie de me retrouver dans une maison privée à attendre qu'on vienne me reconduire chez moi. Je ne veux pas passer pour une casseuse de party! Non. Mais il doit bien exister des endroits chauds à Montréal. Je vais jeter un dernier coup d'oeil.
Article:
- La Psychologie Derrière le Libertinage : Plongée dans l'Esprit des Échangistes
- L'Étiquette du Libertinage : Les Règles Non-Dites de la Communauté Échangiste
- L'Histoire du Libertinage : Une Danse à Travers les Âges
- La Sécurité dans le Libertinage : Naviguer en Toute Confiance dans le Monde des Échangistes
- Libertinage vs. Polyamour : Deux Mondes, Deux Philosophies
- Soirée extrêmement privée
- 💋 Jane Bond chez les échangistes